BÉTON : LA CONFÉRENCE DES OISEAUX est un essai d’envol, une lutte contre la gravité.
Sur le son de la techno, répétitif comme un battement d’ailes, je saute pour défier la pesanteur, et la musique m’y soumet. Si je m’arrête, je tombe. Le corps écrasé par les basses.
Depuis la fin du confinement, je passe beaucoup de temps à danser dans la répétition agressive de la techno. Chaque instant semble perdu au milieu de ses semblables. Rien n’évolue, tout est identique. Le temps et la faim n’existent plus. On danse, enfermé dans une boucle infinie sans passé ni futur. On peut enfin fuir,  fuir l’impossibilité de rêver, s’oublier, tout lâcher et disparaître.
On entrent en extase. Imaginez-nous en apesanteur, comme des saints lévitant. Comme Sainte Christine l’Admirable qui fuyait les gens en s’envolant aux sommets des arbres. Ou Louise de Mantou qui lévita durant trois jours.
Je pense aux oiseaux. Pendant le confinement j’ai appris le nom de tous les oiseaux que je pouvais voir par ma fenêtre. J’ai appris leurs habitudes, j’ai appris à les reconnaître par leur vol, par leur chant et leur plumage. Peut-être que je rêvais d’être un oiseau. Je regarde les martinets négocier leur équilibre dans le vide. Tomberont-ils du ciel ? 
Comment voler quand tu ne peux pas voler ?
Je danse extatique rivée au sol. 
Je ne ressemble toujours pas à un oiseau. 
Peut-être que l’échec est le seul acte de rébellion qui me reste.